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vendredi 21 décembre 2012

Que ferez-vous avant la fin du monde ?



La fin du monde ayant été annoncée pour le 21 décembre 2012, j’ai décidé le 20 décembre de faire face aux choses essentielles de la vie.

Pour ce faire, je me suis posée deux questions, la première pour l’aspect de moi qui se prend pour Isabelle, l’autre pour ce qui en moi sait être un espace traversé par tout ce advient :
 - qu’ai-je envie de faire aujourd’hui, si je meurs demain ?
 - qu’ai-je envie de faire aujourd’hui, si j’ai l’éternité devant moi ? 

La surprise a été qu’une réponse unique a émergé : « je veux ranger ma cave. »
Surprenant.
Plus surprenant encore la joie intérieure qui m’a envahie à l’idée de me lancer dans cette entreprise… Comme m’a dit une amie à qui je partageais cet élan : « ah ben oui, quand on a envie de ranger sa cave, c’est que tout le reste va vraiment bien ! »…
C’est vrai, je ne l’avais pas vu comme ça…
Du coup, je me suis interrogée : est-ce que tout va vraiment bien ?
Plus encore : que veut dire pour moi « aller vraiment bien » ?
Voici ce que j’ai trouvé : c’est tout simplement sentir le goût de mon existence, très concrètement, sentir mon corps, percevoir que « je » suis là, que je peux ressentir « moi » et tout ce qui m’entoure.
J’ai vécu tant d’années sans me sentir, sans m’habiter intérieurement, que je vois que cette simple sensation de mon existence suffit à mon bonheur…
Alors oui, mon amie a raison « tout va vraiment bien »… et c’est depuis ce ressenti-là que je me suis lancée à ranger ma cave, ce qui n’était pas une mince entreprise vu qu’elle avait servi d’entrepôt de stockage pour tout ce que nous n’avions pas pris le temps de ranger depuis notre emménagement en mars dernier… on arrive tout juste à mettre un pied dedans !

J’ai commencé par tout sortir de la cave et à trier en trois secteurs : ce qui part à la déchetterie, ce qui va aller dans le cabanon de jardin et ce qui va être rangé à la cave.
Au bout de trois heures de travail, au lieu d’avoir un lieu mal rangé, j’en avais trois… moment de découragement… Une grande respiration, et j’ai commencé à m’attaquer à ce qui devait aller dans le cabanon de jardin. Une heure plus tard, tout était rangé dans le cabanon. Joie. Retour dans la maison : je fais face à l’énorme tas des choses restant à trier avant de les ranger dans la cave.
Il est 17h, la nuit commence à tomber. Je désespère un peu d’arriver au bout de mon projet avant la fin de cette journée… avant la fin du monde !
Un regain d’énergie arrive à cette pensée et je me lance dans le tri d’environ cinq kilos de câbles de toutes sortes, câbles que j’ai renoncé à trier lors de mes trois derniers déménagements. 18 h : tous les câbles sont triés. Quatre kilos vont partir en recyclage, un reste à la maison. Je les range à la cave.
Reste encore un gros carton d’objets « inséparables » : vous savez, ces objets dont on ne fait plus forcément quelque chose, mais qui ont une telle charge affective pour nous qu’on n’arrive pas à envisager de s’en séparer. Je trie, je range : certains d’entre eux vont servir de décoration… à la cave !
19h15 : tout est fini ! Je contemple mon œuvre : un mur entier d’étagères vides me contemple, à la cave, témoin de l’espace qui a été libéré en une journée.
19h30 : en préparant mon repas du soir, je sens soudain monter en moi une douceur, une tendresse infinie envers moi-m’aime… je réalise combien, à travers chacun de ces objets, j’ai pris soin de moi aujourd’hui, combien, seconde après seconde, j’ai été complètement présente à ce qui était vivant, juste là… je goûte la tranquillité intérieure qui se diffuse en moi, en cet instant.

En rangeant cette cave, en me lançant dans cette tâche apparemment ingrate, j’ai redécouvert des trésors oubliés : à ce moment-là, je perçois combien cette exploration dans la matière, m’a permis de contacter des zones de moi que je n’avais plus touchées depuis longtemps. Je vois alors combien cette idée de ranger la cave, comme dernière tâche avant la fin du monde, n’était finalement pas si saugrenue : quoi de plus précieux que de contacter tous les aspects de notre être, surtout les plus oubliés ?
Juste avant de m’endormir, je me suis dit : « La fin du monde peut arriver… j’ai fait ce qui était pour moi le plus essentiel : me goûter, en entier. »