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vendredi 25 novembre 2011

Les ténèbres de l'isolement

Extrait du livre « La Voie de la Mystique»
d'Osho


Je souffre immensément de la solitude. Que puis-je faire à ce sujet ?

L'on ne peut pas combattre directement les ténèbres de l'isolement.
Chacun doit comprendre quelque chose d'essentiel, c'est qu'il y a certaines choses fondamentales qui ne peuvent pas être changées. Un des principes de base est que vous ne pouvez pas vous battre directement contre l'obscurité, directement contre le fait d'être esseulé, directement contre la peur d'être seul. La raison en est que ces choses n'existent pas ; elles sont simplement l'absence de quelque chose, de même que l'obscurité est l'absence de lumière.
En fait, que faites-vous lorsque vous voulez que la pièce ne soit plus dans l'obscurité ?
Vous ne faites rien directement avec l'obscurité - n'est-ce pas ? Vous ne pouvez pas la mettre dehors, il n'est en aucune façon possible de faire quoi que ce soit avec l'obscurité pour qu'elle disparaisse; vous devez faire quelque chose avec la lumière. Voilà qui change toute la situation et c'est ce que j'appelle l'un des principes essentiels, fondamentaux. Vous ne touchez même pas à l'obscurité, vous n'y pensez pas ; cela ne sert à rien, elle n'existe pas, c'est simplement une absence. Ainsi, amenez simplement la lumière et vous ne trouverez pas d'obscurité du tout, parce qu'elle était l'absence de lumière, seulement l'absence de lumière et non pas quelque chose de matériel, qui a une réalité en soi, non quelque chose qui existe. Mais parce que la lumière n'était pas présente, vous aviez une sensation erronée de l'existence de l'obscurité. Vous pouvez continuer à vous battre contre cette obscurité votre vie durant et vous ne réussirez pas, alors que seule une petite bougie suffit pour la dissiper.
Vous devez travailler sur la lumière parce qu'elle est positive, existentielle ; elle existe par elle-même et une fois que la lumière est là, tout ce qui était son absence disparaît automatiquement.
Le sentiment d'être seul est semblable à l'obscurité. Vous ne connaissez pas votre réalité d'être seul. Vous n'avez pas éprouvé votre solitude et sa beauté, son pouvoir immense, sa force.
Le sentiment d'être esseulé et la solitude sont synonymes dans les dictionnaires, mais l'existence ne suit pas vos dictionnaires. Et personne n'a encore essayé de faire un dictionnaire existentiel qui ne serait pas en contradiction avec l'existence. Le sentiment d'être esseulé, isolé, est une absence. Parce que vous ne connaissez pas votre solitude, il y a la peur. Vous vous sentez isolé, aussi, vous voulez vous accrocher à quelque chose, à quelqu'un, à un peu de relation, simplement pour maintenir l'illusion que vous n'êtes pas esseulé; or vous savez que vous l'êtes - d'où la douleur. D'une part vous vous accrochez à quelque chose qui n'a pas de réalité, qui est juste un arrangement provisoire; une relation, une amitié. Et pendant que vous êtes dans la relation vous pouvez créer une petite illusion pour oublier votre isolement. Là est le problème ; bien que vous puissiez oublier pour un instant votre sentiment d'être esseulé, l'instant d'après vous prenez soudain conscience que la relation ou l'amitié n'ont rien de permanent. Hier encore, vous ne connaissiez pas cet homme ou cette femme, vous étiez des étrangers; aujourd'hui vous êtes amis, mais demain, qui sait… vous serez peut-être de nouveau des étrangers, d'où la douleur. L'illusion donne une certaine consolation, mais elle ne peut pas créer une réalité afin que toute peur disparaisse. Elle réprime la peur, alors en surface vous vous sentez bien, en tout cas, vous essayez de vous sentir bien. Vous vous persuadez que vous vous sentez bien ; combien merveilleuse est la relation, combien merveilleux est cet homme ou cette femme. Mais derrière l'illusion et l'illusion est si mince que vous pouvez voir derrière, il y a une douleur dans le coeur, parce que le coeur sait parfaitement bien que demain les choses peuvent ne pas être pareilles... et elles ne seront pas pareilles.
Toute l'expérience de votre vie vous démontre que les choses changent continuellement. Rien ne reste stable ; vous ne pouvez vous accrocher à rien dans un monde changeant.Vous vouliez faire de votre amitié quelque chose de permanent, mais votre désir même est contre le principe du changement et cette loi ne fera pas d'exceptions. Elle continuera simplement à fonctionner à sa manière ; elle changera… tout. Peut-être qu'à long terme, vous comprendrez un jour qu'il était bon que cette loi ne vous ait pas écouté, que l'existence ne se soit pas soucié de vous et a simplement continué à faire tout ce qu'elle voulait faire... pas selon votre désir. Cela peut vous prendre un peu de temps pour le comprendre. Vous voulez que tel ami soit votre ami pour toujours, mais demain il se transforme en ennemi. Ou simplement : "Qu'il fiche le camp !" et il n'est plus avec vous. Quelqu'un d'autre vient alors remplir le vide, quelqu'un qui est un être humain bien supérieur. Tout à coup vous vous rendez alors compte qu'il était bien que l'autre ait fiché le camp ; autrement vous seriez restés collés ensemble. Pourtant, la leçon n'entre jamais suffisamment profondément au point de vous faire cesser de demander la permanence. Vous recommencerez à demander la permanence avec cet autre homme, avec cette autre femme; cette fois, cela devrait ne pas changer. Vous n'avez pas vraiment appris la leçon ; le changement est simplement le tissu même de la vie. Vous devez comprendre cela et avancer avec cela.
Ne vous créez pas d'illusions, elles ne vont pas vous aider ; mais tout le monde se crée des illusions de toutes sortes. J'ai connu un homme qui m'a dit un jour:  "Je n'ai confiance qu'en l'argent, je n'ai confiance en personne d'autre". Je lui ai répondu : "Vous affirmez là quelque chose de très significatif". Il ajouta : "Chacun change ; vous ne pouvez compter sur personne et alors que vous vieillissez, seul votre argent est vraiment à vous. Personne ne se soucie de vous; pas même votre fils, pas même votre femme. Si vous avez de l'argent, ils se soucient tous de vous, ils vous respectent tous, parce que vous possédez de l'argent. Si vous n'en avez pas, vous devenez un mendiant à leurs yeux". Son discours sur le fait que la seule chose au monde en quoi avoir confiance est l'argent, venait d'une longue expérience de vie, venait du fait d'avoir été trompé à maintes reprises par les gens en qui il avait mis sa confiance et par qui il croyait être aimé, mais ils étaient tous autour de lui uniquement pour l'argent. "Mais, lui répondis-je : "au moment de la mort l'argent ne vous suivra pas. Vous pouvez entretenir l'illusion qu'au moins l'argent est avec vous, mais dès que votre respiration s'arrêtera, il ne sera plus avec vous. Vous avez gagné quelque chose, mais cela restera de ce côté-ci; vous ne pouvez pas l'emporter au-delà de la mort. Vous tomberez dans un profond isolement, que vous avez cachée derrière la façade de l'argent".
Il y a des gens qui courent après le pouvoir, mais la raison en est la même ; lorsqu'ils sont au pouvoir, tant de gens les suivent, des millions des gens se trouvent sous leur domination. Ils ne sont pas seuls, ce sont de grands leaders politiques, des leaders religieux. Mais le pouvoir change ; un jour vous l'avez, le lendemain vous ne l'avez plus et soudain l'illusion toute entière disparaît. Vous êtes esseulé comme personne d'autre ne l'est, parce que les autres se sont habitués à être esseulés. Vous n'y êtes pas habitué... votre isolement vous fera encore plus mal. La société a essayé d'instaurer des mesures pour vous aider à oublier votre isolement. Les mariages arrangés ne sont qu'un effort pour que vous soyez sûr que votre femme reste avec vous. Toutes les religions résistent au divorce, pour la simple raison que si l'on permet le divorce, l'objectif essentiel derrière l'invention du mariage serait alors détruit ; sa finalité est de vous donner un compagnon, une compagne à vie. Mais même si votre épouse ou votre mari reste avec vous pour toute une vie, cela ne signifie pas que l'amour restera le même ; en fait, plutôt que de vous donner un compagnon, la société vous donne un fardeau à porter. Vous étiez esseulé, déjà face à des problèmes et maintenant vous devez porter une autre personne toute aussi esseulée. Et dans cette vie il n'y a pas d'espoir, parce que dès que l'amour disparaît vous vous retrouvez tous les deux seuls et vous devez vous tolérer mutuellement. La question d'être séduit l'un par l'autre ne se pose plus ; au mieux, vous pouvez patiemment vous tolérer l'un l'autre. Votre isolement n'a pas été changée par la stratégie sociale du mariage.
Ce que j'essaie de vous dire, c'est que chaque effort pour tenter de fuir le fait d'être esseulé a échoué et échouera, parce que cette attitude est contre les principes fondamentaux de la vie. Ce qu'il faut n'est pas quelque chose qui vous fasse oublier votre isolement ; ce qui est nécessaire, c'est que vous preniez conscience de votre solitude, qui est une réalité. Et il est si beau d'éprouver cette réalité, de la ressentir, parce qu'elle est votre affranchissement de la foule, de l'autre. Cette réalité vous libère de la peur d'être esseulé. Rien que le mot "esseulé" vous rappelle immédiatement le sentiment d'une blessure ; quelque chose est nécessaire pour la guérir. Il y a un vide et cela fait mal ; quelque chose doit être comblé.
Le mot même de solitude n'a pas le même sens, celui d'une blessure, d'un vide qui doit être comblé. Solitude signifie simplement une complétude. Vous êtes complet ; il n'y a donc besoin de personne d'autre pour vous compléter. Par conséquent, essayez de trouver votre centre le plus intérieur, là où vous êtes toujours seul, où vous avez toujours été seul.
Dans la vie, dans la mort, partout où vous êtes, vous serez seul, mais ce centre est si plein, il n'est pas vide, il est si plein, si complet et si débordant de toutes les sèves de la vie, de toutes les beautés et les bénédictions de l'existence, qu'une fois que vous avez goûté à la solitude, la douleur dans le coeur disparaîtra. A sa place, un nouveau rythme sera là, plein de douceur immense, de paix, de joie, de bonheur. Cela ne veut pas dire qu'un homme qui est centré dans sa solitude, complet en lui-même, ne peut pas se faire des amis ; en fait lui seul peut se créer des amitiés, parce que maintenant ce n'est plus un besoin, il ne fait que partager. Il a tant en lui ; il peut partager.
L'amitié peut être de deux sortes. L'une est celle dans laquelle vous êtes un mendiant - vous avez besoin de quelque chose de l'autre pour aider votre isolement et l'autre est aussi un mendiant; il veut la même chose de vous et naturellement, deux mendiants ne peuvent pas s'entr'aider. Bientôt ils verront que mendier d'un autre mendiant double ou multiplie leur besoin. Au lieu d'un mendiant, maintenant il y en a deux et si, malheureusement, ils ont des enfants, alors il y a toute une société de mendiants qui mendient et personne n'a rien à donner. Chacun se sent alors frustré, irrité et chacun se sent mystifié et trompé. Mais en fait, personne ne trompe et personne ne triche, car que possédez-vous ?
L'autre sorte d'amitié, l'autre sorte d'amour, à une qualité totalement différente ; elle ne vient pas d'un besoin, elle vient du fait que vous avez tellement en vous que vous voulez partager. Une nouvelle sorte de joie est entrée dans votre être ; celle de partager, joie dont vous n'étiez jamais conscient auparavant. Vous aviez toujours mendié. Lorsque vous partagez, la question de s'accrocher à l'autre ne se pose pas. Vous êtes porté par le flux de l'existence, par celui du changement de la vie, car peu importe avec qui vous partagez. Ce sera peut-être la même personne demain, la même personne pour toute votre vie ou ce pourra être des personnes différentes. Ce n'est pas un contrat, ce n'est pas un mariage ; c'est simplement à partir de votre plénitude que vous voulez donner. Ainsi quiconque se trouve être près de vous, vous la lui donnez et donner est une telle joie. Mendier, quémander est une telle misère ; même si vous obtenez quelque chose en mendiant, vous resterez malheureux. Cela fait mal, cela blesse votre fierté, cela blesse votre intégrité. Mais partager vous rend plus centré, plus intégré, plus fier et non pas plus égoïste ; plus fiers que l'existence ait été compatissante envers vous. Ce n'est pas l'ego ; c'est un phénomène totalement différent... une reconnaissance que l'existence vous ait permis quelque chose que des millions de gens essaient de trouver, mais à la fausse porte. Il se trouve que vous êtes à la bonne porte. Vous êtes fier de votre félicité et de tout ce que l'existence vous a donné. La peur disparaît, l'obscurité disparaît, la douleur disparaît, le désir pour l'autre disparaît. Vous pouvez aimer une personne et si cette personne aime quelqu'un d'autre il n'y aura aucune jalousie, parce que vous aimiez à partir de tant de joie ; ce n'était pas un attachement, vous ne reteniez pas l'autre dans une prison. Vous n'aviez pas peur que l'autre personne puisse s'échapper d'entre vos mains, que quelqu'un d'autre entame une liaison amoureuse... Lorsque vous partagez votre joie, vous ne créez de prison pour personne, vous donnez simplement. Vous n'attendez même pas à de la gratitude ou à de la reconnaissance en retour, parce que vous ne donnez pas pour obtenir quoi que ce soit, pas même de la gratitude. Vous donnez parce que vous êtes si plein que vous devez donner. Ainsi, si quelqu'un est reconnaissant, c'est vous, envers la personne qui a accepté votre amour, qui a accepté votre cadeau. Elle vous a soulagé, elle vous a permis de lui donner votre énergie et plus vous partagez, plus vous donnez, plus vous avez. Cela ne fait donc pas de vous un avare, cela ne crée pas une nouvelle crainte que: "je puisse perdre cela". En fait, plus vous le perdez, plus l'eau fraîche jaillit de sources dont vous n'étiez pas conscient auparavant. Ainsi, je ne vous dirai donc pas de faire quoi que ce soit concernant votre sentiment d'être esseulé. Cherchez plutôt votre solitude. Oubliez l'isolement, oubliez l'obscurité, oubliez la douleur, elles ne sont que l'absence de la solitude. L'expérience de la solitude les dissipera immédiatement et la méthode est la même; observez simplement votre mental, soyez conscient. Devenez de plus en plus conscient, pour finalement être uniquement conscient de vous-même. C'est à ce moment là où vous prenez conscience de la solitude. Vous serez étonnés d'apprendre que différentes religions ont donné différents noms pour l'état ultime de la réalisation : le jainisme a choisi kaivalya, "solitude absolue", comme l'état ultime de l'être. Tout comme le bouddhisme a choisi nirvana, "le fait d'être sans soi" et l'hindouisme a choisi moksha, "libération". Chacune de ces trois expressions est belle, elles sont trois aspects différents d'une même réalité. Vous pouvez l'appeler : libération, liberté ; vous pouvez l'appeler solitude ; vous pouvez l'appeler "le fait d'être sans soi", le vide, simplement des poteaux indicateurs vers cette expérience ultime pour laquelle aucun nom n'est suffisant. Mais à chaque fois, regardez bien pour savoir si ce à quoi vous faites face en tant que problème, est une chose négative ou une chose positive. Si c'est une chose négative, alors ne vous battez pas contre ; ne faites pas cet effort là du tout. Cherchez-en juste son aspect positif et vous serez devant la bonne porte.
La plupart des gens dans le monde manquent leur cible parce qu'ils se mettent à lutter directement contre la porte négative. Il n'y a aucune porte ; il y a seulement l'obscurité, il y a seulement l'absence et plus ils se battent, plus ils rencontrent l'échec, plus ils deviennent déprimés, pessimistes et en fin de compte ils commencent à constater que la vie n'a aucune signification, que c'est simplement une torture. Mais leur erreur est d'être entré par la fausse porte. Ainsi avant que de faire face à un problème, regardez simplement le problème ; est-ce une absence de quelque chose ? Tous vos problèmes sont une absence de quelque chose et une fois que vous avez trouvé de quoi ils sont l'absence, tournez-vous alors vers le positif. Dès l'instant où vous trouvez le positif, la lumière, l'obscurité n'est plus.

vendredi 18 novembre 2011

Réincarnation ?


Article paru dans le n°221 de la revue Recto-Verseau


Que pouvons-nous espérer après cette vie ? 

Le pire…(rires) pour celui qui espère « un après »... 
J’aimerais souligner la différence entre la notion de « plus tard, trop tard, après, pas encore » et la notion que : « tout est ici, maintenant » en me servant de ce que nous connaissons tous : le présent des enfants.
Un enfant ne s’identifie pas aux concepts « après, hier, la mort etc ». Il est précieux car il nous rappelle le temps du commencement, de la première fois, quand tout est à apprendre dans la joie de la découverte. Cette joie vient en même temps qu’augmentent l’expérience et la connaissance du monde immédiat. Cette joie simple et féconde inscrit le monde en nous, le rend familier, miraculeux, vaste, incroyable, imprévu, émouvant. Découvrir et aimer découvrir, apprendre et aimer apprendre, avoir un corps et aimer avoir un corps, être le héros de son aventure humaine et aimer être un héros, se sentir infiniment présent, incarné et aimer vivre dans une sagesse de la joie divine qui se fait humaine.

La réincarnation est-elle une hypothèse plausible ?

Toutes les hypothèses appartiennent aux pensées mentales, à la mémoire et à l’imaginaire réflexif. Cette activité intellectuelle nous projette dans les bibliothèques livresques et savoirs extérieurs. Elles maintiennent en nous la division, les projections et la souffrance. S’émerveiller du temps du commencement, pendant que la vie se fabrique sous nos yeux, dans une vacuité créatrice, voilà une hypothèse à vérifier. La voie de la sagesse et de l’auto connaissance de soi nous aide à harmoniser et approfondir ces intuitions de notre enfance dans une qualité de synchronicité où corps et cosmos, conscience et présence échangent en permanence la joie vitale qui passe de vie en vie simultanément dans toutes les direction depuis toujours, immédiatement... jaillissement ininterrompu de la renaissance consciente où tout est donné maintenant car c’est toujours maintenant que vous vivez en vous-même.

Les personnes ayant vécu une NDE sont-elles une preuve qu’il y a une vie après notre mort ?

Elles sont la preuve que notre conscience profonde existe sans être identifiée seulement au corps, à l’espace temps et à la partie matérielle de la vie. Nous savons que la matière est corpusculaire et ondulatoire à la fois… Nous sommes à la fois de la matière et de la lumière. Faire l’expérience d’une NDE renvoie ceux qui l’ont vécue au miracle d’avoir une vie bien humaine incorporée dans l’amour. Je m’occupe de personnes en soins palliatifs et remarque que toutes les tracasseries qui semblaient si importantes, se sont volatilisées… Elles se sentent portées par une intelligence plus généreuse, plus vaste et plus compréhensive qu’auparavant. Elles nous apprennent le « lâcher-prise » par rapport aux avoirs, aux dominations et aux savoirs, qui sont des réflexes égocentrés et instinctifs de la partie matérielle de notre vie. Ces personnes nous enseignent qu’elles ont vécu des expériences : "Je me suis senti lumineux, relié à tout le cosmos, illimité, infini, global, dans un courant de paix indescriptible."

Qu’il se passe quelque chose ou non après notre vie, en quoi cela a-t-il une importance sur notre vie actuelle ? 

Ces personnes ayant vécu une NDE nous apprennent qu’il est possible de vivre dans le quotidien avec une nouvelle vision du monde et de soi. Leur témoignage concorde avec toutes les sagesses anciennes concernant les voies d’éveil et le retour au présent immédiat bien terrestre mettant à bonne distance les pensées, les identifications à la mémoire, aux avoirs, aux savoirs, aux concepts, à l’image-moi séparée des autres. Ces voies sous l’égide d’un « Grand élève » nous apprennent qu’il est possible de vivre des expériences de conscience sans drames pédagogiques trop brutaux. L’expérience de la liberté est douce, apaisante, consolatrice, ludique, précise, innovante car la joie vient en même temps que l’expérience. Elle accompagne le quotidien. Cette puissance de la joie intègre, assimile, transforme en permanence le passé dans un élan créatif du renouveau, laissant l’avenir non écrit quand l’on peut apporter des réponses nouvelles, dans une personnalité plus universelle dans un paradis en chantier.

En marge de ces questions, avez-vous une remarque à rajouter ? 

La pédagogie qui explore le corps, donne la connaissance de la forme et l’histoire entière de l’évolution depuis le big bang. L’exploration de notre conscience profonde, donne la connaissance du sans forme et de la vacuité créatrice qui continue à créer le monde sous nos yeux, nous y compris, intuition jaillissante et infinie qui nous enseigne qu’il n’y a rien de caché ou d’oublié maintenant, dans cet instant.

vendredi 11 novembre 2011

La Thérapie appelée Compassion...

Extrait du livre « Un soudain coup de tonnerre»
d'Osho


Je vous ai entendu dire une fois: "Seule la compassion est thérapeutique".
Parlez-nous s'il vous plaît de la compassion.

Oui, seule la compassion est thérapeutique ; parce que tout ce qui est malade dans l'homme l'est à cause du manque d'amour. Tout ce qui est faux en l'homme est quelque part associé à l'amour. Il n'a pas pu aimer ou il n'a pas pu recevoir l'amour; il n'a pas pu partager son être. C'est là le malheur; cela crée toutes sortes de complexes en lui.
Ces blessures intérieures peuvent faire surface de nombreuses façons ; elles peuvent devenir une maladie physique, elles peuvent devenir une maladie mentale. Mais en profondeur, l'homme souffre du manque d'amour.

De même que la nourriture est nécessaire pour le corps, l'amour est nécessaire pour l'âme. Le corps ne peut pas survivre sans nourriture et l'âme ne peut pas survivre sans amour. En fait, sans amour, l'âme n'est jamais née; il ne peut être question de sa survie. 
Vous pensez qu'il va de soi que vous avez une âme ; du fait de votre peur de la mort, vous croyez que vous avez une âme. Mais vous n'aurez pas connu votre âme à moins d'avoir aimé. Seulement à travers l'amour en vient-on à percevoir que l'on est plus que le corps, plus que le mental.
C'est pourquoi je dis que la compassion est thérapeutique.
Qu'est-ce que la compassion ?
La compassion est la forme la plus pure d'amour, le sexe est la forme la plus basse d'amour, la compassion la forme la plus haute d'amour. Dans le sexe, le contact est essentiellement physique ; dans la compassion, le contact est essentiellement spirituel. Dans l'amour, la compassion et le sexe sont tous deux mélangés, le physique et le spirituel sont tous deux mélangés. L'amour est à mi-chemin entre le sexe et la compassion.
Vous pouvez aussi appeler la compassion, prière. Vous pouvez aussi appeler la compassion, méditation. La forme la plus haute de l'énergie est la compassion. Le mot compassion est beau ; il vient de passion. D'une façon ou d'une autre, la passion est devenue si épurée qu'elle n'est plus la passion, elle est devenue la compassion.
Dans le sexe, vous utilisez l'autre, vous réduisez l'autre à un moyen, vous réduisez l'autre à une chose ; c'est pourquoi dans une relation sexuelle vous vous sentez coupable. Cette culpabilité n'a rien à voir avec les enseignements religieux ; elle est plus profonde que les enseignements religieux. Dans une relation sexuelle, en soit vous vous sentez coupable, parce que vous réduisez un être humain à une chose, à un produit utilisable et jetable.
C'est pourquoi dans le sexe, vous ressentez aussi une sorte d'esclavage ; vous êtes également réduit à une chose et lorsque vous êtes une chose votre liberté disparaît, parce que votre liberté existe seulement lorsque vous êtes une personne.

Plus vous êtes une personne, plus vous êtes libre ; plus vous êtes une chose, moins vous êtes libre. Les meubles dans votre chambre ne sont pas libres ; si vous fermez votre chambre et y revenez après de nombreuses années, les meubles seront à la même place, dans le même arrangement; ils ne se seront pas réarrangés d'une nouvelle façon ; ils n'ont aucune liberté. Mais si vous laissez un homme dans la chambre, vous ne retrouverez pas le même homme. Pas même le jour suivant, ni même l'instant suivant. Vous ne pouvez pas retrouver de nouveau le même homme.
Le sage Héraclite disait: "Vous ne pouvez pas entrer deux fois dans la même rivière".
Vous ne pouvez pas croiser le même homme deux fois ; il est impossible de croiser le même homme deux fois, parce que l'homme est une rivière, un flux continuel. Vous ne savez jamais ce qui va se passer. L'avenir reste ouvert.
Pour une chose, un objet, l'avenir est fermé. Un rocher restera un rocher, une pierre. Il n'a aucune potentialité de croissance. Il ne peut pas changer, il ne peut pas évoluer. Un homme ne reste jamais le même. Il peut reculer, il peut aller de l'avant ; il peut aller en enfer ou au ciel, mais jamais il ne reste le même. Il continue à évoluer, dans une direction ou une autre.
Lorsque vous avez une relation sexuelle avec quelqu'un, vous avez réduit ce quelqu'un à une chose. Et en le "chosifiant", vous vous êtes également réduit à une chose, parce que c'est un compromis mutuel : "je te permets de me réduire à une chose, tu me permets de te réduire à une chose. Je te permets de m'utiliser, tu me permets de t'utiliser. Nous nous utilisons mutuellement. Nous sommes tous deux devenus des choses".
C'est pourquoi... observez deux amants; lorsqu'ils ne se sont pas encore installés ensemble, que la romance est encore vivante, que la lune de miel n'est pas finie ; vous verrez alors deux personnes palpiter de vie, prêtes à exploser; prêtes à faire exploser l'inconnu. Puis, observez un couple marié, le mari et la femme et vous verrez deux choses mortes, deux cimetières, côte à côte; l'un aidant l'autre à rester mort, chacun forçant l'autre à rester mort. C'est cela le conflit constant du mariage ; personne ne veut être réduit à une chose !

Le sexe est la forme la plus basse de cette énergie "X". Si vous êtes religieux, appelez-la "Dieu"; si vous êtes scientifique, appelez-la "X". Cette énergie, X, peut devenir l'amour. Lorsqu'elle devient l'amour, alors vous commencez à respecter l'autre. Oui, parfois vous utilisez l'autre personne, mais vous vous sentez reconnaissant envers elle. Vous ne dites jamais merci à une chose. Lorsque vous êtes amoureux d'une femme et vous faites l'amour avec elle, vous dites merci.

Lorsque vous faites l'amour avec votre femme, avez-vous jamais dit merci ? Non, vous considérez cela comme allant de soi. Votre femme vous a-t-elle jamais dit merci ? Peut-être, il y a bien des années, vous pouvez vous rappeler le temps où vous étiez simplement indécis, en train d'essayer, en train de faire la cour; le temps de la séduction mutuelle, alors peut-être. Mais une fois que vous vous êtes mis ensemble, vous a-t-elle dit merci pour quoi que ce soit ? Vous avez fait tant de choses pour elle, elle a fait tant de choses pour vous, vous vivez tous les deux l'un pour l'autre, mais la gratitude a disparue.
Dans l'amour, il y a la gratitude, il y a une profonde reconnaissance. Vous savez que l'autre n'est pas une chose. Vous savez que l'autre a une splendeur, une personnalité, une âme, une individualité. Dans l'amour, vous donnez une totale liberté à l'autre. Bien sûr, vous donnez et vous prenez; c'est la relation du donner et prendre… mais avec respect.

Dans le sexe, c'est une relation de donner et prendre, sans respect. Dans la compassion, vous donnez, tout simplement. Vous n'avez aucune arrière-pensée de quoi que ce soit en retour; simplement, vous partagez. Non pas que rien ne revienne vers vous ! Cela vous est retourné un million de fois, mais c'est juste secondaire, juste une conséquence naturelle. Il n'y a pas de désir pour cela.

Dans l'amour, si vous donnez quelque chose, en secret vous continuez à vous attendre qu'il vous soit rendu. Si le retour ne se produit pas, vous avez envie de vous plaindre ; peut être ne l'exprimez-vous pas, mais mille et un signes trahissent que vous bougonnez, que vous ressentez avoir été dupé. Il semble que l'amour soit un troc subtil.
Dans la compassion, vous donnez tout simplement. Dans l'amour, vous êtes reconnaissant parce que l'autre vous a donné quelque chose. Dans la compassion, vous êtes reconnaissant parce que l'autre vous a pris quelque chose; vous êtes reconnaissant parce que l'autre ne vous a pas rejeté. Vous étiez venu avec une énergie de don, vous étiez venu avec de nombreuses fleurs à partager et l'autre vous l'a permis, l'autre était réceptif. Vous êtes reconnaissant, parce que l'autre était réceptif.

La compassion est la forme la plus haute d'amour.
Ce qui vous vient en retour est enorme... un million de fois, je l'affirme. Mais c'est hors de propos, vous n'aspirez pas à ce retour ; si rien ne revient, aucun sujet de plainte. Si quelque chose revient, vous êtes simplement étonné ! Si quelque chose revient, c'est incroyable ! Si rien ne revient, il n'y a aucun problème ; vous n'aviez jamais donné votre coeur à quelqu'un pour un troc quelconque. Vous déversez votre amour simplement parce que vous avez. Vous avez tant, que si vous ne déversez pas ce trop-plein, vous deviendrez surchargé.
Tout comme un nuage plein d'eau de pluie doit se déverser. Et la prochaine fois, qu'un nuage se déverse, observez en silence et vous entendrez toujours, lorsque le nuage s'est déchargé et que la terre a absorbé; vous entendrez toujours le nuage dire "merci" à la terre. La terre a aidé le nuage à se libérer.


Lorsque une fleur a fleuri, il lui faut partager son parfum aux vents. C'est naturel ! Ce n'est pas un troc, ce n'est pas du business; c'est simplement naturel ! La fleur est pleine de parfum; que faire ? Si la fleur retient son parfum, elle se sentira alors très, très tendue, dans une angoisse profonde. L'angoisse la plus grande dans la vie, vient lorsque vous ne pouvez pas exprimer, lorsque vous ne pouvez pas communiquer, partager. L'homme le plus pauvre est celui qui n'a rien à partager, ou qui a quelque chose à partager, mais en a perdu la capacité, l'art, la façon de le partager; alors, cet homme-là est pauvre.
L'homme sexuel est très pauvre ; comparativement, l'homme d'amour est plus riche. L'homme de compassion est le plus riche de tous; il est au sommet du monde. Il n'a aucun emprisonnement, aucune limitation; il donne, tout simplement et va son chemin. Il ne vous attend même pas pour que vous lui disiez merci; il partage son énergie avec un amour immense. C'est cela que j'appelle thérapeutique.

Le Bouddha avait coutume de dire à ses disciples: "Après chaque méditation, soyez compatissant. Immédiatement après ! Parce que lorsque vous méditez, l'amour grandit, le coeur devient plein. Après chaque méditation, ressentez la compassion pour le monde entier, de façon à ce que vous partagiez votre amour et que vous libériez l'énergie dans l'atmosphère ; et cette énergie peut être utilisée par autrui".
Je voudrais également vous dire ceci : après chaque méditation, lorsque vous célébrez, ayez de la compassion. Simplement, ressentez que votre énergie doit aller aider les gens de la manière dont ils en ont besoin. Libérez-la simplement ! Vous serez soulagé, vous vous sentirez très détendu, vous vous sentirez très calme et serein et les vibrations que vous avez libérées aideront beaucoup de gens. Finissez toujours vos méditations avec la compassion.

Et la compassion est inconditionnelle.
Vous ne pouvez avoir de la compassion uniquement pour ceux qui sont amicaux envers vous, uniquement pour ceux qui sont proches de vous. La compassion inclut tout et tous... intrinsèquement. Aussi, si vous ne pouvez pas ressentir de la compassion envers votre voisin, alors oubliez tout au sujet de la méditation, parce qu'elle n'a rien à voir avec quelqu'un en particulier. Elle a un rapport avec votre état intérieur. Soyez compassion ! Inconditionnellement, sans direction, sans adresse. Alors, vous devenez une force de guérison dans ce monde de misère.

vendredi 4 novembre 2011

Vivre les yeux ouverts


Article paru dans le n°87 de la revue 3eme Millénaire


« Etre soi-même n’exige pas de compréhension spéciale, seulement la volonté de se voir tel qu’on est vraiment. » Guy Finley

Question : Pourquoi les illusions, et où naissent-elles ?
Les illusions sont les voiles qui nous empêchent de voir la réalité, les filtres qui colorent la réalité pour en faire notre réalité.

Sur un chemin spirituel pour devenir qui nous sommes, une des premières étapes du travail que nous avons à faire est de mettre à jour ces illusions, de les voir, les reconnaître. Ensuite, il s’agit de nous mettre en action pour qu’une fois ces illusions devenues conscientes, nous puissions avoir le choix de ne plus nous laisser mener, emmener, leurrer, par elles. Retrouver le choix de nos actions nous demandera une certaine pratique, appuyée par l’attention, l’intention, la vigilance, la patience, la persévérance.

Ces filtres viennent de notre éducation, des empreintes parentale et sociale, qui nous façonnent selon des attentes particulières. Ainsi et de manière générale, nous apprenons à être non pas ce que nous sommes, mais ce que l’on attend de nous.
Les illusions représentent un mécanisme de survie mis en place dès l’enfance, pour nous permettre de supporter des évènements trop douloureux. Ainsi, en tant que bébé et petit enfant, face à des situations difficiles, on crée des scénarios que l’on va ensuite passer notre vie à reproduire, croyant qu’il s’agit de la réalité. Or il ne s’agit que de notre réponse à un type de situation, une réponse de survie.

La plupart de nos illusions sont ainsi mises en place dès la petite enfance. 85% de la façon dont nous allons répondre aux situations de notre vie, dont nous allons mener notre vie, prennent naissance entre l’âge de 0 et 5 ans - certaines personnes parlent même de 3 ans.

Les illusions naissent de ce que nous observons, de ce que nous entendons, de ce que nous ressentons en tant qu’enfant.
Par exemple, petit enfant, je vais vers ma mère : « maman, qu’est-ce qui ne va pas ? » La raison pour laquelle je lui demande cela est que je peux voir sur son visage que ça ne va pas, je peux ressentir une énergie différente, une vibration différente émanant d’elle. Donc, ma mère, pour soi-disant protéger son enfant, dirait « oh tout va bien » (une protection qui se perpétue de génération en génération, où les parents continuent aujourd’hui à exclure leurs enfants de la vérité des situations).
Je ressens quelque chose qui ne va pas chez ma mère, j’en ai l’intuition, je le vois. Maman dit « tout va bien ». Cela se reproduit encore et encore. Alors que se passe-t-il ? Je suis là avec mes ressentis, et je les mets dans la catégorie « j’ai tort ». Mes sentiments, mes ressentis, sont incorrects ; après tout, maman est maman, elle a raison, pas moi, moi je suis juste un petit bébé, je ne fais qu’apprendre. Maman, elle, est une adulte, elle sait, elle est Dieu. Alors bien sûr elle a raison.
Nous grandissons. Tout d’un coup, nous ressentons que quelque chose ne va pas chez quelqu’un. Automatiquement, nous discréditons ce que nous ressentons. Là est l’illusion, illusion que nous avons tort et l’autre raison. Notre ressenti est faux, c’est là l’illusion. Nos sentiments sont faux : là est l’illusion.
Car en tant qu’enfant, ce que nous ressentons est tout le temps juste. Jusqu’à ce que la confusion s’installe en nous : ce que nous ressentons, est-ce vrai ou pas ? L’autre me dit le contraire, alors qui croire ? L’autre ou moi ?
Ainsi, ces illusions par rapport à ce que nous ressentons nous programment à devenir inconscients. Nous sommes ainsi programmés à ne pas nous écouter : ne pas écouter notre propre être, notre propre essence, nos propres instincts, nos propres intuitions, parce que lorsque nous sommes jeunes, toutes ces choses en nous sont discréditées par l’entourage.

Donc à mesure que nous grandissons, nous ressentons et vivons une douleur dans notre corps, car tout dans notre corps dit oui, et l’extérieur dit non, si bien qu’une bataille se crée à l’intérieur de nous. Cette bataille génère beaucoup de douleur, beaucoup de frustration, de colère, d’anxiété. Alors pour faire en partie face à cela, nous créons des illusions, parce que c’est trop douloureux de voir que nous avons raison dans nos sentiments mais que les réponses de l’entourage semblent nous dire le contraire.

Au fil du temps, selon la psychologie de chacun, nous pouvons même apprendre à communiquer de moins en moins. Nous finissons par ne pas vouloir savoir si ce que nous voyons et ressentons est juste ou pas. Nous pensons ressentir ou voir telle chose, quelqu’un nous dira que c’est autre chose. Tout le monde est programmé de cette manière. Nous sommes programmés à ne pas dire la vérité. Vivre une illusion, c’est vivre un mensonge. Si ce que vous dites est illusion, vous ne dites pas la vérité ; si vous vivez l’illusion, vous vivez un mensonge. Et combien d’entre nous vivent une illusion, disent des paroles qui mentent. Seulement nous ne réalisons même pas que nous vivons une illusion et que nos paroles mentent, nous ne réalisons même pas que tout cela n’est pas réel, on nous a simplement appris à faire ces choses.
« La personne non-éveillée vit dans son monde, la personne éveillée vit dans le monde. »
Andrew Cohen

Question : Ainsi, cela nous paraît tout à fait réel, car c’est ce que l’on nous apprend à un âge si jeune, et c’est ce que nous voyons tout autour de nous. Alors petit à petit nous commençons à intégrer que ces mensonges, toutes ces choses fausses, ces illusions sont réelles, et nous interprétons cela comme étant le monde réel.

C’est cela, exactement. Alors que ce n’est pas le monde réel, ce sont juste des illusions.
« Au lieu de voir les choses comme vous les imaginez, apprenez à les voir comme elles sont.
Quand vous pourrez voir chaque chose comme elle est, vous vous verrez également comme vous êtes. » Sri Nisargadatta Maharaj

Question : Tu dis que nous sommes programmés à devenir inconscients. Alors à la naissance, nous sommes conscients, puis tout autour de nous nous programme à devenir inconscients ?

Voilà. As-tu déjà regardé un bébé dans les yeux ? Un bébé est pur, il est beau, il est amour, il est complète vulnérabilité, disponibilité, ouverture. Un bébé absorbe tout ce qu’il sent, goûte, entend, voie et ressent, il absorbe tout. Donc si ce qu’il absorbe est illusion, cette illusion-là prend vie. Quel que soit ce qu’il absorbera, le bébé va vivre cette illusion-là. Tout le monde aime regarder les yeux d’un bébé, tout le monde aime entendre le rire d’un bébé, car son rire fait rire tout le monde. Pourquoi ? Parce que ce rire-là est réel.

Même notre rire n’est pas réel. Nos rires passent par toute une liste d’illusions, toute une liste de ressentis :
Est-ce que je ris juste parce que je veux que l’on me trouve gentil ?
Est-ce que je ris pour recouvrir ma douleur ?
Presque tout ce que nous faisons est une illusion, jusqu’à ce que nous commencions à voir, à apprendre et à investiguer en nous.
« Pour agir il faut quelqu'un qui agisse : avant toute action vérifiez bien l'acteur. »
Swami Prajnanpad

Question : Alors ce qui peut nous aider à reconnaître nos illusions, c’est cette observation, cette investigation ?

Ramana Maharshi avait un outil très puissant. Dans tout ce qu’il faisait, il se demandait : qui suis-je ? S’il est en train de manger : qui suis-je ? Qui est celui en train de manger ? Et il se posait constamment la question, dans toute situation : qui suis-je ? Qui suis-je ? Qui suis-je ? Ce qui l’amenait à investiguer toutes ces choses dont nous parlons. C’est ainsi que nous pouvons apprendre à devenir un vrai adulte.

Question : Un vrai adulte ?

Un vrai adulte répond à la vie, aux situations, un enfant réagit.

Un vrai adulte ne va pas attiser le feu de quelqu’un qui est en colère. Un vrai adulte parlera à cette personne et les deux personnes pourront arriver à une compréhension de ce qui se passe.

Alors que, comme un enfant, si quelqu’un se met en colère après vous, vous vous mettez en colère en retour, vous entrez dans la dispute, vous essayez tous les deux de défendre votre point de vue, votre position, de prouver que vous avez raison.

Un enfant s’attend constamment à recevoir, un adulte donne constamment, et en donnant, il reçoit aussi, naturellement. Dans le monde de l’enfant, l’enfant existe, il absorbe, il apprend, et tout dans le monde tourne autour de lui. Tout ce que veut l’enfant, c’est recevoir, recevoir, recevoir, et cela est un état complètement naturel.
Si nous sommes respectés en tant qu’enfant, dans notre ressenti et notre être, cela nous offre la possibilité de devenir adulte.
Donc nous grandissons comme des non-adultes, avec nos faussetés et nos illusions, et c’est cela que nous continuons à reproduire chez nos enfants ?
Oui, génération après génération.

En tant qu’enfant, nous sommes reliés à nos sentiments. Puis nous apprenons à ne plus l’être, comme nous l’avons vu plus haut. Du fait de cette coupure qui se produit en nous, cette coupure avec nos sentiments, nous ressentons un inconfort, un malaise qui n’est pas conscient, et que nous cherchons à compenser, par exemple par une distraction ou une autre, par une suractivité, ou encore au plan physique, par exemple à travers la maladie ou même la mort.

Question : L’espoir est que nous pouvons devenir conscients des illusions que nous vivons, donc devenir conscients de qui nous sommes vraiment, derrière ces filtres et ces voiles ?

Tout ce que nous avons à faire, est de devenir conscient. Devenir conscient, c’est réaliser ce que l’on fait, au moment où on le fait. Si on n’est pas conscient de ce que l’on fait, on peut être dans l’illusion.

La plupart du temps, et pour la plupart d’entre nous, lorsque nous devenons conscient d’une certaine action que nous reproduisons de manière automatique, le simple fait d’en prendre conscience autant que possible et aussi fréquemment que possible permet de ralentir puis d’arrêter l’action en question.
Après une certaine période de prise de conscience de cette action, ou plutôt de cette réaction automatique, apprise, nous pouvons alors, au moment de l’action en question, faire un choix, celui de ne pas mettre en œuvre cette action-là.

Nous avons le choix, même si nous pensons ne pas l’avoir.
« Tout ce que l’on a à faire est de se démasquer, si pénible que cela soit. »
Chögyam Trungpa

Question : Ainsi, nous vivrons moins dans cette illusion-là, car cette réaction automatique n’est pas nous.

Oui. Et pour ne pas vivre l’illusion, nous devons devenir conscients. Nous avons chacun à découvrir comment devenir conscient.

Disons qu’une ré-action répétée chez moi est de me mettre en colère. Si je suis dans un processus pour devenir conscient, que je ne veux pas me mettre en colère, que je ne veux pas me couper de la réalité, que je veux être en relation avec la réalité, qu’est-ce qui va émerger ? Juste avant la colère, si je suis attentif, je ressens de la douleur. La douleur est une chose à laquelle nous essayons tous de nous soustraire. Tous. La société moderne essaie de nous soustraire à la douleur à travers les médias, la musique constante, les voyages, les achats, la suractivité,… ces choses peuvent être des compensations pour nous empêcher de ressentir la douleur. Génération après génération, on nous apprend depuis que nous sommes tout bébé que ce n’est pas bien de pleurer, que ce n’est pas bien de ressentir la douleur.

Alors dans le processus pour devenir conscient de ma colère, je découvre que ce que vient de dire cette personne m’a blessé. Je dois maintenant regarder pourquoi cela m’a blessé. Peut-être était-ce complètement valide. Peut-être était-ce son intention de me blesser, alors en effet je dois absorber la blessure et être avec la douleur. C’est cela être dans la réalité au lieu d’être dans une réaction automatique de colère, ce qui revient à être dans l’illusion. Cela ne veut pas dire que toute colère est une illusion. Mais je parle d’une colère psychologique, d’une colère apprise, d’une colère automatique : telle situation va entraîner telle réaction - ici, la colère.

Question : Donc ce type-là de colère est une chose que nous apprenons dès l’enfance, lorsque nous voyons notre entourage, par exemple nos parents, se mettre en colère envers les autres, envers les situations, au lieu d’exprimer leur douleur ou le vrai sentiment ou le réel besoin en amont de la colère. Est-ce cela que tu entends par ‘colère apprise’ ?

Oui. C’est une colère psychologique, ce n’est pas une vraie colère. La question que l’on peut se poser est : que fais-tu avec la colère ? Utilises-tu la colère pour sortir de la relation, pour te couper de toi-même ou des autres ? Ou bien exprimes-tu la colère dans le moment, puis tu lâches cette colère sans t’y accrocher ?

Si tu utilises cette colère pour sortir de la relation, alors c’est un processus appris, ça vient du mental, ça vient de tout ce qui constitue l’illusion, c’est une émotion. Si tu utilises cette colère en réponse à une situation du moment, ça vient du cœur, c’est un sentiment.

Question : L’outil que nous pourrions donc utiliser pour savoir si nous sommes dans l’illusion serait l’observation :
Observer lorsque nous faisons quelque chose qui serait en réaction à une personne, à une situation ?
Observer si nous nous sentons sortir de la relation ?
Observer si nous sentons que nous créons une séparation avec l’autre, avec la situation (avec soi-même) ?

Oui, c’est un bon outil. C’est un outil que j’utilise tout le temps.

Question : Seulement sommes-nous capables de ressentir que nous avons quitté la relation ?

Lorsqu’on amorce ce processus de conscience, il se peut que l’on ne sache pas au début si nous sommes dans la relation ou pas. Mais à mesure que tu travailles cela, plus tu es dans la relation, plus tu ressens la réalité de ce qui se passe dans la vie et plus il te sera facile de réaliser : suis-je dans la relation ou pas ?
Est-ce que j’utilise cette colère, est-ce que j’utilise cette frustration, est-ce que j’utilise ce contrôle, cette négativité, cette dépression,… pour me couper de la relation ou pas ? Parce que c’est une forte sensation dans le corps quand nous ne sommes pas dans la relation.

Question : Comme de se sentir fermé, coupé de soi et de l’autre ?

Oui.

Question : Considères-tu le fait de sortir de la relation, comme une illusion ?

Oui, c’est vivre l’illusion. Nous sommes relationnels, nous sommes des êtres de relation. Tout, sur cette planète, sauf l’homme, est en relation. L’homme a le choix : être fermé, ou bien être en relation. Tout est en relation avec son environnement, sauf l’homme. Je ne veux pas dire tous les hommes. Je devrais dire : l’homme a le choix d’être en relation ou pas. Etre en relation, c’est vivre la réalité. Quand vous n’êtes pas en relation, vous ne vivez pas la réalité, c’est impossible. Ce qui vous rend séparé : vos programmes, votre mental, vos peurs psychologiques, toutes ces choses vous font vivre hors de la relation.

Question : En somme, nous sommes en relation avec soi, avec les autres, avec le reste du monde, à travers nos programmes, nos filtres, à travers nos peurs ?

Oui. Je dirai qu’en tant qu’occidental, une des peurs que nous avons à regarder en premier est notre peur de ressentir. Pourquoi avons-nous peur de ressentir ? D’où cela vient-il ?
Par exemple, bébé, si tu arrêtes de pleurer parce que l’on t’a donné du sucre ou une tétine, alors maman est soulagée que tu aies arrêté de pleurer. Parce que bébé a arrêté de pleurer, maman n’a pas à ressentir sa propre douleur. Nous apprenons ainsi que le sucre par exemple, est un substitut au ressenti, une compensation.
Et le bébé est bien, car mon dieu que ce sucre est bon. Et le bébé peut grandir en ayant toutes sortes de désordres alimentaires. Lorsque notre corps commence à ressentir quelque chose de douloureux, hop, on donne du sucre, et le sentiment est coupé - pas besoin de ressentir, puisque ce n’est pas juste de ressentir, c’est ce qu’apprend le bébé. Le sucre est seulement un des substituts, il y en a de nombreux.

Ainsi, dans la culture occidentale, la capacité à être en contact avec nos sentiments est annihilée dès la petite enfance, cette faculté nous est arrachée. Certains d’entre nous se fraient un chemin à travers cela et gardent la capacité à ressentir, à rester proches et en relation. Mais la majorité des personnes trouveront un moyen pour vivre avec le fait de ne pas ressentir, sans même savoir qu’elles ne ressentent pas. C’est cela la condition humaine : créer des situations où nous ne sommes pas réel et être bien avec ces situations-là.

Question : En quoi ces illusions nous empêchent-elles d’entrer dans le vrai flot de la vie ? 

Par exemple : illusion que la seule chose qui existe, c’est soi ; illusion que l’on ne peut fonctionner qu’avec la colère, la dépression, la fermeture… Si l’on ne peut fonctionner sans être en colère, sans être déprimé (ou quelle que soit la raison qui va générer une fermeture) si l’on ne peut arrêter cette action (réaction) qui va nous amener à nous fermer plus ou moins longtemps, comment pouvons-nous laisser la grâce demeurer en nous ?

Question : Cela semble faire partie de la condition humaine de ne pouvoir rester le cœur ouvert.

Cela rejoint tout ce que nous avons évoqué sur notre enfance, comment l’extérieur nous amène à nous fermer et à nous couper de notre essence.
Comment pouvons-nous maintenir un cœur ouvert ?
D’abord, en levant le voile de nos illusions. Les illusions sont là parce nous les avons apprises dès l’enfance. Ce qui en résulte est que nous ne sommes pas dans un cœur ouvert, que nous ne sommes pas dans notre essence, dans notre être, dans la grâce.
En travaillant sur nous, en démasquant nos illusions, nous nous rendons disponibles pour recevoir la grâce. Notre chemin spirituel peut alors nous amener à pratiquer de sorte à laisser la grâce et l’ouverture durer de plus en plus longtemps.

Quesion : Tu dis que nous devons regarder notre peur de ressentir. Récemment, j’ai réalisé que j’avais peur de la vie, ce qui m’a été dur à reconnaître.

Tu as peur de la vie, car tu vivais une illusion. L’illusion n’est pas la vie, n’est pas réelle, l’illusion est la mort, l’illusion n’a rien à voir avec la vie. Presque tout ce que tu penses, ce que tu dis, ce que tu agis, ce que tu ressens, est illusion. Donc bien sûr tu as peur de vivre, car tu es tellement habituée à vivre l’illusion, non pas la vie. Plus tu te défais de tes illusions, plus tu entreras dans le courant de la vie. Plus tu entreras dans le flot de la vraie vie, d’une vie de vérité, moins tu te sentiras inconfortable d’être dans ce flot.

Question : En fait, je pensais avoir peur de la mort, jusqu’à réaliser que ce dont j’ai réellement peur, c’est de la vie. 

Oui, tu as peur de la vie, car tu es inconfortable dans la vie. Tu vis dans ta zone de confort et ta zone de confort fait partie de tes illusions.

Question : Donc ce qui nous est confortable fait partie de nos illusions ?

Oui. Même si nos illusions sont mauvaises, même si elles provoquent des situations horribles, quoiqu’elles soient, nous sommes plus confortables dans nos illusions que nous le sommes à vivre la vie. Parce que c’est ce à quoi nous sommes formés depuis notre naissance : nous sommes formés à l’illusion. Tout ce qui est en dehors de l’illusion nous est inconfortable.

Nos zones de confort nous maintiennent dans une limitation. Elles limitent nos mouvements et nos façons de penser. La plupart des personnes ne veulent pas aller au-delà de leur zone de confort.

Question : Alors ces sensations d’inconfort, de malaise que nous pouvons ressentir, si nous voulons devenir conscients, nous ne devrions pas chercher à les fuir ou à les compenser.

Voilà. Plus tu les fuis, plus tu continueras à les fuir.

Nous avons le choix : être avec l’inconfort émergeant pendant quelques années, puis passé un certain stade, devenir plus vivant qu’on ne l’a jamais été. Plus nous lâchons les illusions et commençons à faire face à la réalité de la vie, et plus notre existence devient vivante.

Ou bien, rester inconfortable pour le restant de sa vie, à vivre les illusions, et toutes les peurs, les anxiétés, les douleurs, et toutes les colères, et toutes les choses que crée le corps parce qu’on vit une illusion. Nous avons donc le choix. D’une manière ou d’une autre, nous ressentirons de l’inconfort et de la douleur. Dans un cas, cela durera un certain temps, dans l’autre, toute une vie. Là est le choix.

Une bonne façon de commencer à investiguer sur le chemin vers Soi, serait de vous poser vraiment la question : combien de temps puis-je rester heureux ? Cette investigation pourrait vous amener à découvrir des schémas pouvant vous aider à ouvrir les yeux.
« Les chances de réveil sont directement proportionnelles à la quantité de vérité que l’on est capable d’assumer sans avoir envie de fuir. » Anthony de Mello