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vendredi 18 février 2011

L'écoute du silence

Extrait de « N'être plus personne » de Jan Kersshot


C’est seulement quand vous vous abreuverez au fleuve du silence
que vous chanterez réellement
Khalil Gibran

Toute activité peut être l’occasion de laisser venir Présence, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de règles ou de limitations en ce qui concerne les circonstances dans lesquelles nous pouvons voir notre vraie nature. Tout le monde est prêt pour la Libération. Elle n’est pas réservée à ceux qui sont dans un état spécial. Etre dépourvu de concepts ne dépend de rien. La libération n’est pas le privilège de gens spéciaux ni de situations spéciales : nul n’est exclu. Autrement dit, ce n’est pas un article pour collectionneur.
Il s’agit de lâcher-prise et non pas d’acquérir.

Notre nature infinie peut se révéler dans n’importe quelle situation. N’importe quel sens peut être un « outil » pour redécouvrir « Cela » : vue, toucher, ouïe, etc.
Quand on écoute de la musique, on peut se demander où est le son.
Peut-être voyons-nous que le son flotte au sein de la conscience, tout comme les autres sensations.
Nous remarquons que le son est enveloppé d’un silence réceptif.
C’est le silence conscient qui permet d’entendre ce son.
Et quand ce son s’arrête, nous pouvons « entendre » le silence à la place exacte du son.
Quand nous « écoutons » ce silence, nous remarquons qu’il n’est pas seulement dans cette conscience, il est cette conscience.
Conscience et silence sont liés, ils ne font qu’un.

Quand nous abandonnons complètement la pensée égocentrique, notre d’espace et de temps disparaît et nous voyons un silence dans lequel apparaît l’univers. Ce pur Silence n’a pas de divisions, et tout émane de lui et se résorbe en lui. C’est la Conscience claire, infinie, et c’est ce dont nous sommes faits.
Quand nous entendons un son dans le lointain, par exemple un chant d’oiseau ou un moteur de voiture, nous remarquons qu’il émane lui aussi de ce silence et qu’il s’y résorbe. C’est cette conscience silencieuse qui permet de l’entendre. Il en va de même quand nous sommes totalement absorbés par la musique.
Quand nous laissons la musique couler sans anticiper les sons suivants, il se peut alors que notre ego disparaisse et que nous nous unissions à la musique ; nous « devenons » la musique.

En fait, nous n’entendons pas la musique avec nos oreilles, mais nous la ressentons avec tout notre corps. Le concept d’identification au corps s’évanouit. Le sens de l’ouïe est mis sur la touche ; c’est comme s’il n’y avait plus d’interface entre notre moi et la musique que nous pensons écouter ; celle-ci nous traverse, elle nous remplace. Soudain, nous réalisons que nous ne sommes pas dans cette machine corps-mental qui entend de la musique à quelque distance. Soudain, la séparation a disparu ; nous réalisons que la musique ne joue pas pour nous, elle joue en nous. Par exemple, nous écoutons du piano et après coup nous découvrons qu’il n’y a pas d’auditeur. De nombreux musiciens, en particulier des jazzmen, disent que brusquement ils disparaissent réellement. Quand l’identification à la machine corps-mental a complètement disparu, nous voyons que la vérité primordiale est la musique ; la vérité relative est le « je » et le « piano ».

Comme dit un maître Zen :
« Quand j’ai entendu le son de la cloche, 
   il n’y avait pas de je et pas de cloche, seulement le son. »
Il n’y a pas d’un côté un auditeur et de l’autre de la musique.
Pas d’intérieur et d’extérieur, pas de sujet et pas d’objet ; seulement l’expérience immédiate.